Une académie frileuse

Publié le par Christian

Pour l’Académie nationale de Médecine, l’affaire est entendue : l’appel visant à sensibiliser l’opinion publique sur les risques potentiels des téléphones portables, lancé par une vingtaine de scientifiques et publié dans le Journal du Dimanche, « relève de la démagogie (et) en aucun cas d’une démarche scientifique ». Les 19 scientifiques  réunis autour du pr. David Servan-Schreiber – des cancérologues pour la plupart – apprécieront sans doute... Toujours est-il que l’Académie n’y va pas par quatre chemins. S’appuyant sur les résultats partiels et « pour le moment rassurants » de l’étude Interphone pilotée par l’OMS, elle rappelle à juste titre que « la médecine n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de médecine moderne que fondée sur les faits ». Certes. Signalons cependant que la fameuse étude Interphone - toujours en cours dans 13 pays – voit ses conclusions sans cesse annoncées puis… reportées. Ce qui laisse pour le moins, planer de lourds nuages de doute sur la qualité du suivi qu’en fait l’OMS.

Quant à ceux qui se drapent derrière le sacro-saint principe de précaution… les académiciens les renvoient en quelque sorte, dans les cordes : « (Ce principe) ne saurait se transformer en machine alarmiste, surtout quand plusieurs milliards de portables sont utilisés dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes depuis 15 ans ». Touché…mais pas coulé, car notre vénérable académie (une académie est toujours vénérable, c’est bien connu !) « oublie » deux points :

-          il a fallu attendre beaucoup plus que 15 ans pour voir arriver les premières conséquences des méfaits de l’amiante, ils sont pourtant aujourd’hui indéniables !!

-          Il y a 15 ans, le téléphone portable était alors réservé à une élite fortunée, très peu répandu et très peu utilisé. De nos jours, presque tout le monde dans notre société à la technologie avancée en possède et en utilise un, et surtout nos adolescents et pré-adolescents, qui eux en abusent. Or, ce sont justement eux qui sont désignés comme étant les plus menacés par les dangers potentiels des portables.

Nos académiciens seraient-ils un peu trop sensibles au lobbying ?

Publié dans La feuille de bambou

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